Le débat, les regards, la victime et le sauveur absent

5 05 2007

Je regarde avec un peu de retard le duel entre Marie-Ségolène et Joe Dalton. Je m’étais trompé, il ne l’a pas broyée. Sur la forme, c’est plutôt elle qui a tiré son épingle du jeu.

Loin de ses interventions empruntées et lourdes à la tribune, elle était ce soir-là pugnace, le fixait droit dans les yeux, le dos droit. Elle parvenait même à animer ses mains de gestes naturels et opportuns.
En face, son dos était courbé, regardant ses fiches qu’il rayait parfois nerveusement en bafouillant alors qu’il était acculé. Sans arrêt, il tentait de capter le regard de Poivre et Chabot, cherchant peut-être des signes d’approbation.

Les interactions entre persones se situent parfois dans le cadre d’un triangle infernal “persécuteur - victime - sauveur”.

Petit exemple :

  • Le persécuteur, c’est la “bande de racailles”
  • La victime est la dame à sa fenêtre. Dans ce cas, par extension, ça peut être aussi le téléspectateur.
  • Le monsieur qui parle se pause en sauveur.

En essayant de “débarasser la dame de la racaille”, le sauveur devient persécuteur, crée un nouveau triangle et ça continue. Et l’émotion l’emporte sur la raison.
Ce soir là, alors qu’elle l’attaque, il se justifie tout en regardant les journalistes. Il adopte la position de victime et son regard tente de suciter la réaction d’un sauveur potentiel. Le journaliste pourrait entrer dans l’interation, jouer le rôle de sauveur en prenant à partie le persécuteur. Ce faisant, le sauveur pourrait permettre une redistribution des rôles.

Revenons à ce soir-là. Le journaliste y est, une fois n’est pas coutume, contraint de respecter une position neutre. Le journaliste n’intervenant pas, elle continue son offensive et lui reste bloqué sans son attitude de soumission. Il pourrait tout à fait la regarder dans les yeux et lui répondre de manière raisonnée ou pugnace. Il ne le fait pas et de retrouve cantonné à un rôle inattendu.

Bon, soyns juste, il est loin de rester constamment dans cette position inconfortable. Néanmoins je trouve surprenant qu’une figure habituellement motrice et “parent normatif” se retrouve si aisément dans la posture de l’enfant.

Les chienchiens pourront continuer leurs exégèses honteuses jusqu’à demain. ll n’en reste que ce soir-là, elle était, au moins sur la forme, à la hauteur. Et lui bien moins que prévu.


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