Comme une écolière qui récite sa leçon…

15 11 2006

Récemment je m’étonnai de l’économie du geste chez Ségolène Royal et j’émettai l’idée que cette économie trahit une peur de s’écarter d’un propos préparé et d’improviser. Je m’étonnai également, après avoir un peu STFW, de ne pas trouver écho à mes propos dans les journaux ou les blogs à grosse fréquentation.

C’est pourquoi je fus quelque peu rassuré sur la pertinence de mon analyse en lisant tout à l’heure le Charlie Hebdo de la semaine. On y trouve un article consacré au contrôle qu’execent les “présidentiables” sur la confection de leur image télévisuelle :

[…] De la même façon, il suffisait d’écouter Ségolène en plan fixe lors des débats du PS pour savoir immédiatement que la favorite des sondages ne sait pas (ou très peu) de quoi elle parle. L’image ne ment pas et l’oeil traque toujours le hiatus : le regard fixe de l’élève qui récite une leçon à peine digérée, le phrasé saccadé proche du bégaiement comme signe ultravisible d’un état de surchauffe intellectuelle constant, transpiraient de chacune des images qu’aucun contrôle, même le plus sévère, n’aurait jamais pu masquer.




La gestuelle de Ségolène

8 11 2006

Celà avait attiré mon attention lors du premier et fade “débat” des candidats à l’investiture socialiste, il y a deux semaines. Mais je pensais m’être trompé… Un passage télévisuel (ce lundi) et un “débat” plus tard (le dernier, ce mardi), je me rends compte que j’avais bien vu. Face à la caméra, Ségolène Royal n’a pas de gestuelle !

Pourtant, tous les orateurs usent de gestes “calculés” pour appuyer leurs propos, pour les minimiser, pour transmettre un sentiment de confiance, de pugnacité… Pour souligner l’articulation logique de leur discours, pour afficher que l’idée est claire et revendiquée.

Chez Ségolène, rien. Elle semble rester les deux mains sur les bords du pupitre comme une écolière qui récite sa leçon.

D’ailleurs, contrairement à ses deux confrères, la diction de Ségolène n’est pas fluide mais quelque peu martelée et ponctuée de phatèmes. Elle trébuche sur des mots plus souvent, aussi. Et lorsqu’un journaliste l’interromp d’une question pour réorienter son propos, elle reprend invariablement la phrase inachevée, avec une touche d’agacement. Comme si elle récitait sa leçon.

L’absence de gestuelle “active” chez Ségolène est surprenante. C’est comme si, par peur de la gestuelle inconsciente, celle qui trahit les émotions, l’hésitation, le trouble intérieur, elle avait décidé de supprimer tout mouvement de mains. Toutefois, ce contrôle du geste lui-même trahit de l’hésitation. La crainte de dévier de son propos préparé et appris et d’avoir à improviser. Et elle martèle son discours à elle-même peut-être tout autant qu’au spectateur.

Pourquoi ce refus de l’improvisation ? par manque de maîtrise du sujet ? par peur de ne pas être assez consensuelle, que ses idées ne soient pas nos idées ? Il reste que si elle est investie, Ségolène aura à affronter, face à face cette fois, des tribuns revendicatifs, rompus à la polémique, aux sifflets des foules, et je crains qu’elle ne face pâle figure.